HUMEUR
Le retour du YakaFaukon-Géhesse
Il est revenu. Cette bête curieuse à trois têtes, qui a tant fait parler
d’elle dans les années 1988-1993, refait aujourd’hui surface dans notre
parti. Issu du YakaFaukon-Nesse, le YakaFaukon-Géhesse a plusieurs particularités.
Sachez les reconnaître. Cela vous sera utile dans nos prochains débats
internes.
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Le YakaFaukon-Géhesse est toujours dans la majorité du parti… à l’issue
d’un congrès, quel que soit le premier secrétaire ou la composition de
la majorité.
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En revanche, le YakaFaukon-Géhesse s’arrange toujours pour se retrouver
dans la minorité du parti à l’approche d’un nouveau congrès (même si dans
ce cas il garde toujours ses places au secrétariat national). C’est plus
facile pour faire ensuite des voix.
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Le YakaFaukon-Géhesse s’exprime toujours d’abord dans la presse ou dans
son journal interne, puis ensuite dans le parti, de peur sans doute de
ne pas être entendu.
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Le YakaFaukon-Géhesse n’est jamais en panne de stratégie. La dernière en
date était l’alliance Rose-Rouge-Vert. Mais attention, le YakaFaukon-Géhesse
ne se met jamais en position d’appliquer sa stratégie. Ainsi, aujourd’hui,
il a refusé d’appartenir au premier gouvernement Rose-Rouge-Vert.
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Le YakaFaukon-Géhesse a en plus une haute idée de lui-même. Pas question
d’accepter un poste gouvernemental qui ne serait pas à sa hauteur. Tant
pis, si cela l’exclut d’un des principaux lieux de transformation du pays.
Pourtant le YakaFaukon-Géhesse a toujours plein de solutions et d’analyses
à vous proposer. Il est le seul à savoir comment construire une véritable
Europe sociale, même si tous les autres partenaires de la France n’en veulent
pas. Il sait également comment faire les 35 heures sans réduction de salaires
en trois mois, sans faire crouler tout l’appareil productif français. Il
est capable de taxer au plus fort tous les revenus financiers sans faire
fuir les capitaux. Bref, cet animal parfait sait tout faire. Il n’y a guère
que dans le domaine culinaire qu’il n’a pas encore sorti son livre de recettes.
Quel dommage qu’il ne nous montre pas au gouvernement ce qu’il sait faire.
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Non, le YakaFaukon-Géhesse préfère la situation plus confortable de l’opposant
et se réserve pour l’automne. Car à l’automne il y a LE mouvement social.
Et si jamais LE mouvement social n’est pas au rendez-vous, ce n’est pas
grave. Car il y a toujours un automne par an, et donc forcément, un jour,
à l’automne, il y aura LE mouvement social.
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Le YakaFaukon-Géhesse est le seul capable de vous expliquer ce qu’il peut
y avoir de progressiste dans n’importe lequel des mouvements sociaux en
gestation ou en mouvement. Du routier à l’interne, en passant par le pilote
de ligne, seul le YakaFaukon-Géhesse sait discerner où est la vraie gauche.
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Car le YakaFaukon-Géhesse est de gauche. La seule. La véritable. Et c’est
pour cela qu’il est le seul à décerner les brevets et à reconnaître une
véritable politique de gauche (le reste du parti étant forcément, par définition,
à droite). C’est pour cela qu’il donne souvent l’impression de taper contre
son propre camp. Ainsi, quand l’une de ses têtes, appelée « Juju », appelle
Lionel Jospin à « envisager une crise intérieure, d'ailleurs peut-être davantage avec certains courants du PS qu'avec l'Elysée » (dans une tribune du Monde du 19 juin), n'allez pas croire à une malveillance... Le « Juju » sait réellement qui est de gauche et qui ne l’est pas dans ce pays.